Le coworking 100% public
Reconnue pour sa scène start-up dynamique, Tel Aviv est aussi une de ville comptant une population extrêmement jeune. Selon Michael Vole, chargé de la jeunesse à la mairie de Tel Aviv, « les espaces de coworking sont des outils essentiels pour les jeunes de la génération Y, soit en fait 50% des habitants du centre de Tel Aviv ».
En 2011, la ville de Tel Aviv a ouvert deux espaces étiquetés coworking: « The Library » et le « Social Lab » qu'elle gère et coordonne totalement. Ces espaces sont décrits comme des plateformes permettant d'aider les jeunes à réussir dans le domaine des nouvelles technologies et du social. « Il était de la responsabilité de la mairie de soutenir la jeunesse grâce à ce genre d'initiative, ce n'est pas juste pour faire bien », ajoute Michael Vole. Il est pourtant vrai que la recette du coworking est sensiblement différente dans ces espaces entièrement financés par la mairie.
The Library est avant tout un nid pour jeunes start-ups, et du fait de son financement public, l'organisation utilise un modèle particulier. D'une part, afin que les ressources publiques puissent profiter à tous et pas seulement à quelques-uns, le temps de travail à the Library est limité àquatre mois. La communauté de start-ups ne travaille ensemble que durant cette période, ce qui pourrait s'apparenter davantage à un incubateur qu'à un espace de coworking. Néanmoins, the Library englobe un espace partagé ainsi qu'un espace accessible au public, animé par de nombreux évènements, cours et workshops, rendant l'espace ouvert vers l'extérieur et lui confèrant une agitation plus spontanée.
Mentorat, coaching ou bien cours dispensés par de jeunes entrepreneurs, le Social Lab offre quant à lui nombres de services pour 30$ par mois, un prix accessible aux jeunes de Tel Aviv. L'espace est directement localisé dans le centre municipal dédié à la jeunesse afin de favoriser la connexion entre jeunes porteurs de projets et le gouvernement local. Cette proximité a en effet beaucoup de sens selon le chargé à la jeunesse, car la majorité des projets dans le domaine social se font en coopération avec les pouvoirs publics.
Dans le management des espaces, là aussi le modèle est très spécifique. L’aspect communauté de The Library est géré par un employé municipal alors que dans le cas du Social Lab, c'est un comité directeur dedouzevolontaires, d'entrepreneurs et d'ex-entrepreneurs qui orientent les décisions. Enfin, Michael Vole déclare qu'en terme d'efficacité, aucun objectif chiffré n'a été fixé. Les deux espaces n'évaluent pas si les utilisateurs réussissent leurs projets. De même, The Library ne sélectionne pas des projets qu’il jugerait«gagnants». Les deux espaces disent se concentrer sur l'utilité de leurs services et sur la croissance de la communauté.
Alors possible ou impossible ?
Oui, les organisations publiques peuvent aider et financer les espaces de coworking. Cependant, celles-ci doivent trouver de nouveaux instruments de financement plus adaptés aux espaces de coworking, qui malgré leur impact économique ne sont pas des incubateurs. Des moyens leur permettant de maîtriser leur image et de demeurer indépendants. Cette indépendance est plus facile à garantir, lorsque l’espace existe déjà et qu'il démontre qu’il peut s’intégrer dans la politique économique locale. Certaines organisations publiques ont désormais une bonne compréhension du coworking. Mais la quête du développement économique, si bien intentionnée soit-elle, peut facilement occulter l'aspect spontané des espaces de coworking ainsi que l’importance d'une communauté préexistante, qui font la réussite de ce type de lieux.
A lire aussi : Quand la sphère publique soutient le coworking: l’exemple de la France
::::::
Vous avez des expériences similaires ?
Ou mieux encore, des expériences en totale contradiction ?
Partagez le fond de votre pensée dans la partie commentaire ci-dessous