Les communautés de coworkers forment les étudiants
Le point fort d’un espace de coworking demeure l’incroyable source de connaissance que représente sa communauté. Dans le Nevada, la Reynolds School of Journalism (RSJ) et l’espace Reno Collective (RC) ont choisi l’option du partenariat afin d’offrir aux étudiants des cours animés par les membres de l’espace de coworking. La coopération est totale dans cet exemple car des professeurs peuvent eux aussi donner des cours dans l’espace de coworking. Dans une interview faite par RC, la doyenne de RSJ déclare: « Nous espérons bénéficier de l’énergie et de l’expertise des membres de Reno Collective pour nous aider à être plus innovant et plus entreprenant dans nos travaux. »
Dans une démarche similaire, l’espace nti Leeds's s’est implanté sur le campus de Leeds Metropolitan University. L'espace propose un programme de formation sur trois mois aux étudiants souhaitant devenir entrepreneurs dans les technologies numérique. Au terme de ces trois mois, les étudiants pourront rejoindre la communauté de coworking à prix réduit tout en continuant à se former auprès de celle-ci. Une approche intéressante car elle permet de former non seulement des futurs entrepreneurs mais aussi des futurs coworkers. En effet, dès le début de cette formation chaque étudiant possède un mentor pour l’aider dans son projet professionnel. D’autre part, tout au long de la formation, les étudiants sont encouragés à participer à toutes sortes d’évènements pour créer leur réseau professionnel.
Cette coopération entre universités et coworking paraît logique car ils poursuivent le même objectif. Néanmoins, au moment où toutes les connaissances théoriques se retrouvent accessibles en ligne, certains pensent que l’université disparaîtra à terme au profit du mentorat, seul moyen permettant d’actualiser ses connaissances théoriques et de les confronter à la pratique.
Quand le coworking remplace les universités
Geekdom, un espace de coworking basé à San Antonio au Texas, a démarré son programme éducatif nommé SparkEd en Septembre 2012. Résultat : 1500 jeunes inscrits dans 30 « Week End Camps » animés par la communauté de Geekdom et plus de 5000 inscrits pour l’année suivante. Geekdom travaille entre autres avec des écoles locales pour enseigner des matières telles que le webdesign, la programmation, la robotique ainsi que l’entreprenariat à un public de collégiens.
Dans une interview avec les cofondateurs de Geekdom, Nick Longo pose le contexte sans ambiguïté : « Universités, lycées, collèges, tous viennent nous voir ! Les écoles ne marchent plus ! Notre travail est de les remplacer. Le mentorat est la nouvelle salle de classe. Vous voulez devenir développeur? Je peux vous apprendre un langage de programmation en quelques mois et vous garantir un travail avec un bon salaire. Vous pouvez commencer dès dix-huit ans. »
En fait, il n’y aurait qu’un pas pour que certaines communautés se passent des universités et deviennent elles-mêmes des campus. Ainsi avant de devenir une véritable « learning company » en technologie, business et design, présente sur des campus internationaux, General Assembly était uniquement un espace de coworking. Son fondateur déclare même : « Combien d’enseignants ont vraiment le temps de travailler dans le domaine qu’ils enseignent ? »
Un autre exemple est celui de l’espace Betamore de Baltimore se positionnant lui-même comme un campus pour l’entreprenariat et la technologie. Son but est en effet de dynamiser l’écosystème de Baltimore grâce à l’éducation. Programmation, finance, droit, design, Betamore souhaite proposer un curriculum unique ouvert à tout type de public. Ce qui inclue membres, entrepreneurs non membres, employés en formation continue ainsi qu’étudiants. Sur le long terme, Betamore espère même pouvoir offrir des certifications.
Vers le mentorat par tous et pour tous
L'ouverture est une composante même des espaces de coworking et pourrait les mener à devenir des salles de classes pour tous. A vrai dire, Skillshare, véritable place de marché de la compétence, développe déjà des partenariats avec les espaces Hiveat55 et CoComsp pour créer des salles de classes à l’intérieur même d’espaces de coworking. En utilisant la base d’utilisateurs de ces plateformes, même un étudiant pourra un jour enseigner à des coworkers. Ceci prouverait alors que les frontières entre celui qui enseigne et celui qui apprend peuvent tomber. Depuis la venue du « social sharing », il est désormais bien vu de partager. Encore une fois, les espaces de coworking ont modifié notre manière de travailler, ils s’apprêtent maintenant à modifier notre manière d’apprendre.